La pratique de Mathieu Latulippe se caractérise par une vision esthétique sérieuse qui n’exclut toutefois pas l’humour et le jeu. En effet, il y a dans chacune de ses réalisations une constante et subtile oscillation entre le crédible et le ridicule, le sérieux et le comique, et le grave et le ludique. Ceci lui permet de porter une réflexion profonde et sensible sur des sujets sérieux en évitant cependant toute dramatisation. Les interrogations soulevées par la pratique de l’artiste sont aussi diversifiées que les matériaux et les techniques dont il se sert.
Carnets | Deux par deux
La démarche artistique de Philippe Caron Lefebvre se construit autour d’une réflexion qui s’intéresse à la complexité de la nature, à l’influence de la science-fiction sur la culture, ainsi qu’aux nouveaux paradigmes matériels. Portant une attention spécifique à la notion d’évolution à travers la morphologie des espèces, cet intérêt qui prend forme à travers les singularités de la faune et la flore démontrant des caractéristiques surprenantes.
L’œuvre de Cindy Phenix aborde la relation entre les sphères publiques et privées. Elle explore les différentes normes qui les régissent, la dynamique de leur coexistence, les relations de pouvoir dont elles sont l’arène et les sentiments qui en dérivent. À cet effet, l’artiste crée des scènes complexes dont se dégagent de puissants mouvements narratifs et affectifs. Phenix puise son inspiration de groupes de participation/discussion qu’elle organise et qu’elle dirige.
Développés dans des contextes variés à partir de rencontres, d’échanges et de collaborations, les projets artistiques de Raphaëlle de Groot impliquent la participation de communautés et d’individus dans la production de traces et de récits. Elle se déplace dans des territoires et des milieux de vie, dégageant des terrains de création à même ces expériences.
Le travail actuel de Juan Ortiz-Apuy découle d’un intérêt pour les images et les objets de la culture de consommation et de ses modes d’affichage. L’artiste s’intéresse au fétichisme de la marchandise et à l’utilisation de la mimèsis, la magie sympathique et l’animisme dans la conception et la présentation des objets.
François Lacasse élabore depuis 1992 une recherche qui s’est d’abord concentrée sur des questions touchant aux problématiques de l’image, abordant essentiellement sa mise en retrait et les modalités de sa lecture. Au tournant des années 2000, ce travail s’est davantage concentré sur l’exploration des qualités physiques des matériaux et un intérêt pour la couleur y occupe alors une place prépondérante. Les différentes consistances du liquide coloré ainsi que les procédés d’application y ont joué un rôle déterminant.
Simone Rochon s’intéresse aux objets improbables et inachevés, ainsi qu’aux matières d’inspiration architecturale. Avec une attention particulière portée aux couleurs et à la fluidité de l’encre — son matériau de prédilection — elle représente des formes dont la nature demeure indéterminée. Le collage et les procédés d’assemblage, qui sont au coeur de sa pratique, créent l’illusion de volumes et mettent de l’avant un inventaire de matières et de textures trompeuses.
La phrase cliché « Ça, moi aussi je peux le faire », entendue d’une personne critiquant l’art actuel, a marqué la stratégie du faire de Manuela Lalic. Ainsi, pour que chacun puisse s’identifier à l’acte artistique, son travail passe par des gestes simples qu’elle pose sur des matériaux et objets « pauvres » (comme tordre un trombone). En construisant une matérialité en ambivalence entre ce qui est artificiel et naturel, l’instable, le périssable, le dégradé se juxtapose au raffiné, au détaillé, au séduisant.
Les œuvres de Hua Jin évoquent l’idée de permanence et de changement, du temps qui passe et de la qualité évanescente de l’existence. En tant qu’artiste sino-canadienne, la façon de penser de Jin est enracinée dans la culture et la philosophie orientales, tandis que son processus créatif est influencé par son expérience de vie et ses études réalisées en Occident.
Stéphane La Rue privilégie une investigation méthodique des phénomènes visuels liés à la couleur et à la lumière. Les formes appliquées ou dessinées sur la surface avec un minimum d’interventions apparaissent ordonnées ou savamment désarticulées et entretiennent une relation étroite avec le plan pictural. Dans ses oeuvres, la clarté de la matière s’affirme comme un substitut de la pureté de la forme prônée par le modernisme. L’artiste ne retient pas les limites tracées par la spécificité des arts. Il sculpte le support, retrace et dépeint ses pourtours.
Dans sa carrière artistique, entamée à son arrivée au Québec en 2007, Sayeh Sarfaraz s’intéresse aux questions d’identité culturelle, en lien direct avec son itinérance et son appartenance à la diaspora iranienne. Son travail tisse un lien très fort avec son pays d’origine, son passé et sa culture, tout en se tournant vers l’actualité des conflits au Moyen-Orient. Rebelle au régime répressif, elle développe depuis 2009 une pratique de l’installation qui interroge les événements populaires et la situation politique iranienne.
La reproduction d’objets est au coeur du processus de création de Véronique Lépine. Pour commencer son travail, elle choisit souvent ce qui est à portée de main dans son atelier. Ensuite, comme si elle voulait exécuter une nature morte, elle fait une composition spatiale avec ce qu’elle a sélectionné et elle donne une nouvelle signification à l’ensemble par le simple fait de transposer les formes dans un autre matériau. La plupart de ses oeuvres récentes sont des pièces de céramique où elle réinterprète l’objet en soi ou sa fonction.
Cynthia Girard-Renard façonne un univers pluriel où se conjuguent activisme politique, questions identitaires et imaginaire animalier, à travers un éventail de techniques qui se déploient dans une approche expérimentale et théâtrale du contexte d’exposition : peintures de grand format, bannières, rideaux scéniques, costumes et accessoires, mobiles, sculptures sonores, dispositifs d’accrochage, performance, etc.
La pratique artistique de Julie Trudel repose sur la dimension matérielle de la peinture abstraite. À travers différentes contraintes formelles et processuelles qu’elle s’impose à chaque nouveau projet, elle tente de présenter la matière picturale sous une forme invue afin d’en révéler des effets visuels inédits. Ses protocoles de travail font l’objet de critères spécifiques singuliers tels que le choix des matériaux, l’imposition d’une gamme de couleurs restreintes, le type de composition ou le procédé d’application de la peinture.
La pratique de Patrick Bérubé est essentiellement en sculpture, installation et intervention publique. Il s’intéresse aux rapports contradictoires, qu’ils soient émotifs, physiques ou charnels, qu’entretien l’Homme envers lui-même et son environnement. Comment il a enraciné toute la conception de son existence sur son unicité, la systématisant et la réduisant à sa taille, de manière à la rendre plus perceptible et à oublier le caractère incommensurable de son échelle et de sa force.
À propos de Nuageux (Météo 6) : De 1999 à 2001, j’ai conservé toutes les parutions du journal Le Devoir dans l’espoir, le moment venu, de témoigner du tournant du millénaire. En 2010, l’examen du volumineux matériel a révélé qu’au 28 mai 2000 les prévisions météorologiques ont cessé d’être publiées à la une du journal suite à la réduction du son format. Cette fin abrupte m’est apparue comme l’allégorie traumatique de notre propre disparition.
« Le monde d’Éric Cardinal est peuplé de gestes d’atelier (mouler, coller, couper, assembler), appliqués à des matières et des matériaux communs. Il se réalise dans des objets denses, construits et fragiles. Chaque objet – ou ensemble d’objets – nous raconte l’histoire de sa création et comment il devient sculpture, comment un bout de bois trouve une fonction et devient art.
Le travail de création de Michel Boulanger s’intéresse aux transformations du paysage par le déploiement des technologies, notamment en agriculture industrielle. En rupture avec les représentations stéréotypées du monde rural, ses oeuvres soulignent l’étrangeté des paysages marqués par une industrialisation croissante.
Andréanne Godin explore les possibilités du dessin en observant, en décortiquant et en mettant en relation les thèmes du paysage, de l’environnement bâti et de la perception spatiale. C’est à travers la représentation d’expériences personnelles de lieux et d’espaces qu’elle tente de toucher à une certaine mémoire collective. Le désir de fragmentation de cette mémoire a introduit des références tangibles à l’histoire de la photographie, à sa forme, à sa structure, jusqu’à sa théorie de la lumière.
Suivant un processus de création non linéaire, les œuvres de David Armstrong Six répondent avant tout à leur inhérente matérialité. La question de leur spatialité et de leur environnement immédiat guide conséquemment le travail de l’artiste en atelier. Sa production est ainsi dirigée par une sélection libre et intuitive d’objets, de formes, de textures et de contours regroupés à la manière d’un assemblage.