Que deux traditions se retrouvent face à face, côte à côte, qu'elles nous présentent l'écart qui les sépare et l'éventuel dialogue qui peut s'y installer, voilà un peu ce que François Bourdeau nous propose en janvier. À nous, spectateurs, la responsabilité de faire surgir ce dialogue ou de le laisser latent, comme prisonnier du matériau ou de notre inertie. Les objets qui nous sont présentés sont de grand format et de bois et les deux traditions dans lesquelles puise Bourdeau nous renvoient d'un côté dans l'imagerie populaire des figurines et de l'autre, dans la taille directe non figurative mais à forte évocation biomorphique. Nous pouvons être interpellés par l'ambiguïté de la forme, ou par l'étrangeté de la posture. Nous pouvons prêter attention au travail du matériau, à la patine qui en modifie l'apparence ainsi qu'à tout ce qui nous retient ou nous séduit. Mais c'est sans doute dans cet écart entre culture populaire et culture savante que la question reste la plus entière, irrésolue. Comment, du lieu d'une certaine tradition, sommes-nous amenés à lire les lieux de notre modernité ?